Quelques conseils au sujet de la présence en ligne

Arnaud Levy
7 min readJan 14, 2022

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Cet article synthétise les recommandations que je fais chaque année aux étudiants du Bachelor Universitaire de Technologie (BUT) Métiers du Multimédia et de l’Internet (MMI).

Photo by Luca on Unsplash

Objectifs

Le premier objectif d’une bonne présence en ligne est de faciliter la recherche de stage. C’est un objectif court terme, certes, mais les étudiants pensent parfois que l’on trouve un stage en envoyant des dizaines de CV, ce qui n’est que rarement le cas. Il faut une présence en ligne cohérente avec l’objectif professionnel et des contacts qualifiés, nous y reviendrons.

Le second objectif, à plus long terme, est d’accompagner le parcours professionnel de la personne. Sur le plan conceptuel, il y a là une tension entre ce que la personne est (son passé, ses réalisations…) et ce que la personne veut devenir (ses aspirations, ses centres d’intérêt, ses enjeux…). Il s’agit de mettre en lumière avec honnêteté et qualité les deux facettes.

LinkedIn pour tout le monde…

Tous les étudiants devraient avoir un profil LinkedIn correctement rempli. Bien entendu, les étudiants ont peu de choses à y mettre, mais il faut que ces quelques éléments soient intégrés sans faute d’orthographe, avec des liens fonctionnels et des descriptions claires. Le prénom et le nom doivent être remplis à l’endroit, dans les bonnes cases. Toutes les certifications et les cours en ligne doivent être indiqués.

La photo doit être de bonne qualité technique (pas de pixels en folie), graphique (pas de problème de cadrage, de chromie, de point) et sémiotique (pas de maquillage de zombie, pas de photo de soirée). À Bordeaux, nous faisons un atelier photo au début de la première année, ce qui permet aux étudiants d’utiliser de belles photos de portrait. Voilà quelques exemples parmi la promotion 2022, actuellement en deuxième année. On notera la présence du décor LinkedIn #opentowork sur la dernière photo, que les étudiants peuvent utiliser dans le cadre de leur recherche de stage, puis d’alternance ou d’emploi.

L’autre aspect utile de LinkedIn est le réseautage (networking). La plupart des étudiants sont convaincus de ne pas avoir de réseau. En réalité, ils ont dès l’entrée en MMI le réseau de leur promotion (à Bordeaux, 50 personnes). Il faut donc se connecter les uns aux autres. Ils ont le réseau des étudiantes et étudiants de deuxième année, auxquels ils doivent se connecter aussi (+50). Ils ont le réseau de l’équipe pédagogique, particulièrement les intervenantes et intervenants professionnels (+60). Ils ont ensuite le réseau des anciens MMI, tout spécialement ceux qui travaillent dans les domaines qui les intéressent. Par expérience, les anciens MMI sont bienveillants avec les nouveaux et les aident volontiers. Il faut donc que chaque étudiante et chaque étudiant cherche parmi les anciennes promotions les personnes qui ont eu un parcours qui leur parle, et initie la relation sur LinkedIn. Enfin, les étudiants peuvent entrer en contact avec des personnes dont ils aiment le travail, notamment pour demander un retour sur leurs productions. Un réseau de 200 personnes à l’issue de la première année me semble un objectif relativement simple à atteindre.

… plus un site personnel

Le second aspect d’une présence maîtrisée passe par une recherche Google qui donne des résultats professionnels. Pour cela, deux axes : supprimer la pollution et ajouter de la crédibilité.

Enlever la pollution, c’est supprimer les traces numériques qui donneraient une image non professionnelle : photos de soirées trop arrosées, blagues douteuses… C’est Marlène Dulaurans qui traite cet aspect avec nos étudiants de MMI, en coopération avec Jean-Christophe Fedherbe, de la cellule NTech de la gendarmerie nationale.

Ajouter de la crédibilité passe par l’utilisation d’un nom de domaine de type prenomnom.com, ou autre extension pertinente. Certes, c’est un coût pour l’étudiant, mais c’est une façon efficace d’être en première page des résultats Google sur une recherche “Prénom Nom”, et possiblement en premier. Par exemple, la recherche “Théo Saminadin” montre LinkedIn en premier, puis Behance, puis le .com. La recherche “Maxence Breuilles” donne le .com en premier. Pour cela, le title et le h1 de la page d’accueil doivent être le prénom et le nom, éventuellement avec des qualificatifs ajoutés. Le nom de domaine permet d’utiliser une adresse mail@prenomnom.com ou contact@prenomnom.com, qui prouve que la personne maîtrise suffisamment le Web pour aller au delà d’un Gmail. Le site n’a pas besoin d’être un réel portfolio, comme ceux de Théo ou Maxence, cela peut être une simple page de contact qui présente les liens de la personne sur différents réseaux sociaux, son CV, ses coordonnées (voilà ce que j’utilise). Ce site très simple peut être hébergé sur Github Pages ou sur Netlify gratuitement (seul le nom de domaine sera payant).

Pour les motion designers et réalisateurs

Il faut absolument présenter des vidéos ! Du motion ou du film avec captation, de bonne qualité. Pour l’héberger, la meilleure plateforme est Vimeo, qui propose un player sobre et professionnel avec un plan Basic gratuit. Voilà le Vimeo de Tom, promo 2021 :

Au-delà de la présentation des réalisations, il est important d’avoir un showreel, c’est à dire une courte vidéo d’une ou deux minutes qui synthétise les meilleures productions de la personne. Le showreel est la carte de visite du motion designer ou du réalisateur.

Showreel d’Elsa Secco, une excellente motion designer senior, SRC 2008 en Savoie
Showreel 2019 d’Ethan Piboyeux, qui était à l’époque en première année MMI Bordeaux

Pour les designers

Behance est un bon choix pour présenter des travaux de design. Il est souhaitable de soigner la présentation des cas, bien entendu, mais le plus important est de présenter de belles créations !

Voilà la page Behance de Théo, MMI 2022 :

Il est aussi possible d’utiliser Dribbble, qui est plus focalisé sur le design interactif (UI).

On peut faire un book pdf, comme celui de Mahela Pellot, MMI 2022 :

Devs

Github est la plateforme principale pour les développeurs. Gitlab est tout aussi efficace, question de goûts, surtout depuis que Microsoft a racheté Github. L’important, c’est l’activité du développeur, il faut des commits, des repositories, des contributions à des projets open source.

Voilà le Github de Nicolas Marsan, MMI 2022 :

Stratèges

Les personnes qui veulent évoluer dans le planning stratégique, la stratégie digitale en général ou un domaine du numérique en particulier (ex: SEO, Analytic…) doivent convaincre de leur qualité de réflexion. Pour cela, il faut écrire et publier. Medium est une bonne plateforme de publication, mais il est aussi possible d’utiliser WordPress, Substack, LinkedIn ou n’importe quel système de blogging. Les publications doivent convaincre de la qualité d’analyse, de la curiosité et de la culture de la personne. Il est possible de faire des articles originaux, mais aussi de la curation de contenu, ou de la traduction d’articles en anglais ou dans d’autres langues (en citant les sources, évidemment).

Voilà le Medium de Steven Roussel, MMI 2019 :

Pour les influenceurs ou producteurs de contenu

Des réseaux sociaux avec du bon contenu et des bons chiffres ! Cela peut être Instagram, TikTok, Twitch, Twitter… Chaque réseau a ses enjeux et ses codes propres, mais il est certain qu’un nombre important de followers est gage de crédibilité, par exemple l’Instagram de Nathaël Labat, MMI 2022, 127k abonnés.

Le portfolio fait maison

Le premier réflexe de la plupart des étudiantes et étudiants, lorsque l’on parle de portfolio en ligne, est d’ouvrir Figma, XD ou Photoshop pour faire une maquette du portfolio. Chaque année, je vois des maquettes avec des placeholders vides pour les travaux, des systèmes de catégories permettant de les filtrer, et quand je demande à voir les travaux, il n’y en a pas. Mon point de vue sur ce sujet est très simple : pas de portfolio fait maison, sauf s’il est très bon. Très bon, ça veut dire :

  1. De bons travaux à présenter (ça ne sert à rien de faire un écrin superbe pour y mettre des travaux médiocres)
  2. Un design de qualité, qui apporte une plus-value par rapport aux plateformes présentées ci-avant
  3. Une intégration HTML CSS JS responsive impeccable

Si ces 3 conditions sont remplies, alors le portfolio ad hoc est un vrai plus.

Une bonne approche, en MMI, est de travailler à plusieurs : les designers vont s’occuper du design des sites des développeurs, et inversement. Voilà un exemple de collaboration de ce type, très réussie. Ethan Piboyeux est designer, Sami Lafrance est développeur, tous deux MMI 2021 :

Si le point 1 est rempli, il y a aussi la possibilité d’utiliser un thème, ce qui peut donner d’excellents résultats, comme le démontre le site de Théo Saminadin, MMI 2022 :

Et vous, qu’en pensez-vous ? D’autres conseils à donner ?

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Arnaud Levy

Co-fondateur et développeur back-end (SCOP noesya), maître de conférences associé et directeur des études (Université de Bordeaux, DUT MMI)